dimanche, avril 03, 2005

Télé et radio françaises et la mort du Pape

Pour celles qui s'intéressaient à comment les médias français réagissent à la mort du Pape, voici un article sur les changements de programmes ce week-end et pendant la semaine sur TF1 (privé), France 2, France 3, Arte (chaîne franco-allemande), France 5, M6 (privé -- je crois), Canal+ (chaîne payante) et la radio:

En France, Jean-Paul II chamboule éditions, émissions et programmes télés

les Français et les jours fériés

Éliminer un jour férié en France?!

La Pentecôte transformée en calvaire...
En imposant la suppression d'un jour férié par solidarité avec les personnes âgées et dépendantes, Jean-Pierre Raffarin s'est fabriqué un inépuisable sac à ennuis. A deux semaines du premier lundi de Pentecôte travaillé, le 16 mai, parents d'élèves et confédérations syndicales sont montés au créneau pour redire tout le mal qu'ils pensent de cette décision. Hier, dans un bel ensemble, la FCPE a lancé des appels au boycottage, la FSU a demandé l'annulation de la mesure et FO et la CGT ont agité la menace d'en faire une journée de grève. Même la Caisse nationale d'assurance vieillesse a jugé le dispositif «mal piloté et insuffisant». (Libération, "Le non monte contre le lundi de Pentecôte travaillé" 01.04.05)


Après la canicule meurtrière de l'été 2003 (15.000 morts), le gouvernement cherche des fonds pour aider les personnes âgées et handicapées qui sont en détresse fincancière, qui ont besoin d'infimières ou de place dans une maison de retraîte ou ne peuvent pas se protéger de la chaleur -- qui ne peuvent pas, par exemple, s'acheter de climatiseur.

Mais où trouver cet argent?

Il y a à peu près un an le gouvernement français a décidé de suprimer le jour férié de la Pentecôte. Travailler ce jour-là serait un acte de solidarité (obligatoire): les impôts (si j'ai bien compris) prélevés pour ce jour de travail (environ 2 milliards d'euros) seraient divisés entre de différents programmes pour les personnes handicapées et pour les personnes âgées.

Bien sûr, les salariés français tiennent à leurs jours fériés et comme la Pentecôte approche, ils se plaignent et certains refusent cette nouvelle journée de travail. Déjà inquiéts que le pouvoir d'achat est en baisse, les syndicats prévoient peut-être bien "une nouvelle journée de mobilisation sociale" -- autrement dit, une grève.


D'autres articles à ce sujet:

Le lundi de Pentecôte "ne passe pas"
(Le Monde 31.03.05)
Une journée de solidarités multiples (Libération 01.04.05)

samedi, mars 19, 2005

Ogres et salons

Je me retrouve une fois de plus face à cette question de numérisation et la résistance française vis à vis Google (voir article de Libération de samedi, Google, le nouvel ogre de la littérature).

Imaginez, 15 millions de livres numérisés et accessibles... gratuitement. Ce serait comme la bibliothèque de la Fédération des planètes sur les séries Star Trek. Mais certains Français reculent face à cette idée: est-ce simplement une question de publicité? Que Google choisirait les publicités qui apparaîtraient sur la même page qu'une grande ?uvre de Balzac ou Molière? Cette résistance continue à m'intriguer. Et puis je me demande qui exactement résiste (autre que les maisons d'édition, le président de la BNF, et certains politiciens). C'est, bien sûr, une question de patrimoine, mais...

Autrement, c'est le Salon du livre à Paris cette semaine (voir l'article Au salon du livre et le site officiel du Salon )-- une immense expo de livres. Il y a de tout -- entre autres, les BD qui attirent les jeunes en particulier. Cette année la Russie est "l'invitée". Et il paraît que les livres de Dan Brown se vendent "comme des petits pains," (une bonne expression à apprendre) -- quoique la Vatican ait demandé aux Catholiques de ne pas lire The Da Vinci Code il y a quelques jours. L'expo est Porte de Versailles -- dans le temps, ça se passait au Grand Palais au centre de Paris, je ne sais pas quand ils ont changé de site.

Il serait intéressant d'apprendre qui va au Salon du livre -- qui est-ce que ça attire?


samedi, février 26, 2005

Numériser le passé

Cela fait une semaine que je me dis "Il faut que j'écrive une note de blog! Il faut que j'en écrive une..."

En effet, depuis une semaine j'ai l'impression que mon cerveau est écartelé par tous les journaux français en ligne. Et voilà que la Bibliothèque nationale de France va s'y mettre aussi! Dans les 5 ans à venir, la BNF va mettre en ligne au moins 22 journaux (3,2 millions de pages, dont 2 millions en 5 ans)... journaux datés de 1814-1944! Le petit budget: 3,5 millions d'euros (donc plus d'un euro par page).

J'avoue, en tant que spécialiste du 19e, je suis ravie: la Revue des 2 mondes disponible sur mon ordinateur... 150 ans plus tard!

Ce dont cet article ne parle pas beaucoup, c'est que Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF, s'inquiète pour le patrimoine français numérisé. Il veut, l'Express nous explique (et le cite) «défendre le regard français et européen sur notre passé commun». Et pourquoi veut-il le défendre? Parce que certaines compagnies américaines, comme Amazon.com et Google.com, veulent numériser le patrimoine littéraire mondial... et Jeanneney a peur que cela se fasse avec un "regard américain". Voyons-nous le début d'une guerre culturelle... virtuelle? C'est peut-être seulement une bataille (et pas la première). Qu'est-ce que cela veut dire "numériser à l'américaine" ou "à l'européenne" ou "à la française"? Est-ce que c'est une question de choix de texte et d'auteur? Une question d'édition? Une question d'introduction? De catégorisation? De style, tout simplement?

En cherchant à en savoir plus, je suis tombée sur (bon, j'ai "googlé") le blog d'un certain Jean-Michel Billaut qui dit quelque chose qui m'a frappée à cause de nos lectures. En se moquant (?) un peu de Jeanneney il écrit: "Vous allez dire que je râle encore contre le gaulois, mais cela montre bien que nous sommes tournés vers le passé ... et que le présent et le futur ne nous intéressent pas". Je vous conseille sa note de blog Les Français aiment-ils le futur?.

mardi, février 08, 2005

Ce que le langage de la presse nous révèle

Le choix de mot dans un article peut en dire autant que l'histoire que l'article essaie de raconter.

Je viens de lire un article dans Libé sur le discours de Condaleezza Rice à Science-Po aujourd'hui. Ce n'est pas difficile de "entendre" (si je puis dire) ce que le journaliste pense de Bush et peut-être même de Rice. L'article commence ainsi: "Comme son «boss», George W. Bush, Condoleezza Rice défend les grands principes et aime les phrases définitives." Déjà, appeler Bush son "boss" dans la première phrase fait réfléchir: le mot "boss" n'est pas un mot qu'on utilise d'habitude pour parler d'un président, donc pourquoi l'utiliser dans la première phrase? Pour souligner que Rice n'est qu'un porte-parole, qu'elle fait et dit ce que son patron lui dit de faire et de dire? Pour moi, le mot "boss" évoque un petit patron... ou la Mafia (crime boss). Et qu'est-ce que cela veut dire, "aimer les phrases définitives"? Plus tard le "boss" devient "Bush Jr..." (Pensons un peu au Monde Diplomatique et son "M. William Clinton.") Bon, c'est vrai, le journaliste ne manque pas de sens de l'humour.

Une autre citation de l'article:
«Un agenda mondial exige une alliance mondiale», a déclaré Rice. A Paris, elle est venue caresser plus particulièrement les Européens dans le sens du poil. «L'Amérique a tout à gagner d'une Europe forte comme partenaire dans la construction d'un monde meilleur et plus sûr», a-t-elle poursuivi.

Il y a là une excellente expression: "caresser dans le sens du poil" (par opposition à caresser à "contre-poil" ou "rebrousse-poil" -- ce que les animaux et les Européens n'apprécient pas). Donc, elle est venue calmer les nerfs des Européens... des Français surtout, comme ce discours était à Paris. Et est-ce que les Français (ou le gouvernement) acceptent ces caresses? Est-ce que c'est un signe de respect (ou de début de respect) de lui laisser faire un discours à Science-Po?

Il serait même plus intéressant de se pencher sur le discours de Rice. J'avoue que je n'ai pas grande confiance en cette nouvelle secrétaire d'état et son "boss." Quelle est la différence entre une "mission civilisatrice" et une "mission démocratisante"? Elles sont certainement bien différentes, mais la mission civilisatrice m'a appris à me méfier des missions, à prendre du recul vis à vis des cultures que je ne comprends pas -- voire même de celles que je crois comprendre.



jeudi, janvier 27, 2005

Grèves bis

Il y a de différentes raisons pour être en grève. La semaine dernière il était question de postes, de salaire, etc. Ce mercredi-ci il y a eu une "grève spontanée" de la SNCF. Une contrôleuse a été agressée sexuellement mardi soir et les cheminots ont réagi en se mettant en grève mercredi. Ce n'est pas nouveau: les employés des transports en commun se soutiennent de cette manière quand l'un (ou, dans ce cas, l'une) des leurs est attaqué pendant le travail.

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"En 2004, 487 agressions ont été commises à l'encontre d'agents SNCF, dont 27% sur des femmes, a précisé la direction, ajoutant qu'à sa "connaissance, l'agression sexuelle commise mardi soir était sans précédent". (source: Vaste mouvement de grève à la SNCF après le viol d'une contrôleuse)
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article: SNCF: la reprise "se dessine", assure Guillaume Pépy

Dossier: mouvements sociaux


mercredi, janvier 19, 2005

La semaine sociale

Pour explorer un peu les questions de Natsu (le blog Comment -- voir menu à droite, sous "Vos Blogs"), voici quelques réactions aux grèves.

Tout d'abord, une mère de famille. Elle sait qu'une de ses 3 filles a classe demain (certains profs font la grève), mais pour les autres il y a peu d'infos. (cliquez sur "Ecoutez" dans la boîte "Les audio Europe 1." Les parents sont frustrés, mais ils s'organisent entre eux pour s'occuper des enfants qui n'iront pas à l'école.

Puis il y a le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil, interviewé par Europe 1 (http://fr.news.yahoo.com/050119/214/486dl.html ). (N'oubliez pas que les gens qui travaillent pour la Sncf et les professeurs travaillent pour l'état). 2 choses (entre beaucoup d'autres) ressortent pour moi dans cet entretien. Il pense qu'il y a beaucoup de progrès pour communiquer avec le public au sujet des transports pendant la grève Sncf. Deuxièmement, il trouve qu'il est temps que la France change, qu'elle se modernise pour devenir plus productive (mais bon, quel ministre va dire qu'il ne faut rien changer?). Il est en partie question d'efficacité dans la fonction publique. Il refuse de dire s'il pense qu'il faut réduire le nombre de fonctionnaire, mais il admet qu'il faut réorganiser le système. Question difficile: est-ce qu'on peut augmenter les salaires des fonctionnaires? Après tout, ils sont payés par l'état... et donc par les français (que ce soit par les impôts ou les prix de billets de train. etc.).

Voici le résumé de Yahoo!Actualités:
Au coeur de la contestation sociale, le ministre estime que nous sommes dans une phase de transition pour le service minimum. Renaud Dutreil se félicite de l'amélioration de l'information de la Sncf avant une grève. Mais il espère que la culture de la grève et du conflit passera à une "culture de la négociation".


lundi, janvier 17, 2005

En grève

Comme cet article de Yahoo! France est très petit je le rajoute au blog pour pouvoir en parler un peu.
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lundi 17 janvier 2005, 12h08
Près de deux Français sur trois ont de la sympathie pour les grèves de la semaine, selon un sondage

PARIS (AP) - Près de deux Français sur trois (65%) ont de la sympathie ou soutiennent les différents mouvements de grève organisés cette semaine, selon un sondage CSA publié lundi par "Le Parisien/Aujourd'hui en France".

Ils sont 41% à "soutenir" et 24% à "avoir de la sympathie" pour les mouvements de grève organisés notamment par les cheminots, enseignants et personnels de La Poste cette semaine. Ce mouvement suscite l'indifférence pour 19% des Français, l'opposition de 9% d'entre eux et l'hostilité de 6%.

Par ailleurs, 75% des sondés se disent prêts à manifester pour défendre leur pouvoir d'achat et 59% pour défendre les services publics. En revanche, seuls 47% affirment être prêts à descendre dans la rue pour la défense de 35 heures, tandis que 50% n'y sont pas prêts.

- sondage réalisé par téléphone les 12 et 13 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 949 personnes âgées de 18 ans et plus. AP

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Une grande différence entre la France et les Etats-Unis c'est que les américains ne "vivent" pas la grève. Dans les dernières années est-ce qu?il y a eu des grèves aux U.S. qui ont influencé la vie quotidienne? De temps en temps il y a des grèves de profs, mais elles n'influencent qu'une ville ou peut-être même un état. Il y a des grèves de syndicat, par exemple dans l?industrie de l?automobile, mais ces grèves-là ne nous touchent pas immédiatement (nous ressentons l?effet à travers l?économie). En France, plusieurs fois par an il y a des grèves qui risquent d'interrompre la vie quotidienne -- surtout les grèves de transport en commun (comme les cheminots mentionnés dans l?article) ou des postes.

Mais ce ne sont pas simplement les salariés qui se mettent en grève: les élèves de lycée font la grève et les étudiants aussi.

Est-ce que les grèves aident les groupes à avoir ce qu'ils désirent? J'avoue que je ne sais pas trop bien, mais le fait que les grèves continuent en France indiquerait qu'elles ont un effet positif pour ceux qui veulent que quelque chose change.

On verra si les grèves de cette semaine avancerons les demandes des grévistes.